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mardi 1 mars 2016 à 14h00 •

 

Intervenant(e) : Estelle CHAMPEAU, professeur agrégé d’anglais, doctorante en celtique au Centre de Recherche Bretonne et Celtique

Les Johnnies de Roscoff

Alors qu’ils ne sont plus désormais qu’une petite poignée à franchir la mer chaque automne pour aller vendre outre-Manche le fruit de leur terroir, les marchands d’oignons du pays de Léon apparaissent aujourd’hui dans les pages des ouvrages touristiques comme des figures incontournables de la Bretagne pittoresque.

Pourtant, par-delà cette impression de familiarité qu’entretient la reprise continuelle des mêmes clichés, notre connaissance de ce groupe humain singulier demeure très lacunaire, en particulier pour la période antérieure à 1939, sur laquelle portent les recherches que je mène depuis cinq ans, en Grande-Bretagne et en Bretagne, dans les centres d’archives et sur le terrain, auprès des familles.

M’appuyant sur une documentation variée (témoignages oraux, articles de presse, photographies, cartes postales, peintures, poèmes, feuilletons et romans, chants et cantiques, état civil, matricules militaires, inventaires après décès, actes notariés, cadastre, registres des prônes, cartes d’immigration, correspondance officielle et privée, objets rapportés de Grande-Bretagne, pièces vestimentaires, etc.), j’esquisserai un état des lieux des éléments de réponse que nous sommes à ce jour en mesure d’apporter aux questions suivantes :

-Selon quelle chronologie et quels modes d’organisation le commerce trans-Manche des oignons s’est-il progressivement mis en place ?

-Comment l’accueil réservé aux migrants léonards a-t-il varié en fonction des régions fréquentées, du contexte politique et économique général, ou encore du milieu social et du positionnement idéologique de leurs interlocuteurs ?

-Qui étaient les hommes et (parfois très jeunes) enfants qui prirent part à ce phénomène migratoire saisonnier original ? (étendue de la zone de recrutement des migrants, rôle moteur de Roscoff, prépondérance de certains quartiers, métiers exercés pendant la saison passée au pays, échelle sociale concernée, mobilité socio-économique, etc.)

-Les marchands d’oignons léonards ont-ils jamais formé une « communauté » distincte, singularisée par des pratiques socio-culturelles ou rituels spécifiques, et dotée d’un sentiment d’appartenance propre ?

-Que nous apprennent les différentes appellations (anglaises, galloises, écossaises, bretonnes et françaises) ayant eu cours pour désigner les marchands d’oignons léonards ? Quand est apparue et que signifie la plus célèbre de ces dénominations : « les Johnnies » ?